La crise grecque et l’immobilier

Un des problèmes cruciaux de la Grèce est de retrouver une croissance lui permettant de faire face à ses obligations à l’égard de ses créanciers. On se penche ici sur le rôle que peut jouer l’immobilier dans la solution de ce problème.

La répartition du Produit Intérieur Brut (PIB) entre les différentes activités économiques est représentée dans le graphique ci-dessous. Pour permettre la comparaison, on représente également la structure des activités en France.

Grèce_struct_activités

On ne constate pas de différences structurelles majeures dans les activités économiques des deux pays. On constate toutefois une surreprésentation de la branche des « activités immobilières » en Grèce. Rappelons que les « activités immobilières » consistent pour l’essentiel dans la valeur d’usage des biens immobiliers, principalement les logements. Cette valeur correspond aux loyers effectifs des locataires et aux loyers dits imputés quand l’occupant est également le propriétaire. La surreprésentation des « activités immobilières » peut provenir notamment des locations saisonnières des vacanciers. L’importance du tourisme peut expliquer également la surreprésentation de l’activité de commerce, transport, restauration.

L’autre dimension économique de l’immobilier est la construction. Le chiffre de 2013 pour la Grèce montre une faible contribution de cette activité au PIB. Mais ce chiffre est à replacer dans l’évolution économique globale. Le graphique suivant donne l’évolution en volume des différentes activités économiques depuis 1995.

Grèce_évol_activités

Globalement la Grèce a connu depuis 1995 une croissance très forte jusqu’en 2008, suivie d’une contraction qui ramène en 2013 le niveau d’activité à un peu moins de 20% au-dessus de celui de 1995. Mais les différentes activités économiques ont connu des évolutions diversifiées. Les « activités immobilières » ont connu une évolution positive assez régulière et modérée qui correspond à l’accroissement du parc immobilier, quand il est occupé. En revanche l’activité de construction qui avait connu un doublement entre 1995 et 2006 a chuté depuis cette date à un niveau qui est en 2013 le tiers de celui de 1995.

L’impact sur l’emploi de cette évolution est considérable. En effet les « activités immobilières » qui sont produites par le parc immobilier ont besoin de peu d’emplois pour fonctionner. Leur évolution positive n’a donc qu’une incidence positive faible sur l’emploi. En revanche l’évolution de l’activité de construction impacte sensiblement l’évolution de l’emploi, comme le montre le graphique suivant.

Grèce_évol_emploi

La construction est la branche dans laquelle l’emploi a le plus chuté depuis 2000, perdant près de 40% de ses effectifs. A l’inverse les « activités immobilières » sont la branche dans laquelle l’emploi a le plus augmenté depuis 2000, avec une hausse de plus de 100% des effectifs. Le problème est que l’emploi dans les activités immobilières représente 2% de celui de la construction. La branche des activités immobilières génère de la valeur mais peu d’emploi, à la différence de la construction. Autrement dit, si la première peut contribuer à soutenir l’activité économique, notamment par le tourisme, elle n’est pas une solution au problème du chômage.

Quant à l’éventualité d’une reprise de la construction, elle dépend beaucoup de l’évolution des capacités d’endettement des ménages. Le graphique suivant montre l’évolution des encours des crédits aux ménages pour l’acquisition de logement. On constate que les ménages allègent leur dette en remboursant les crédits en cours sans contracter un volume significatif de nouveaux crédits.

Financement Grèce_Fr

D’une part la conjoncture macroéconomique actuelle peu engageante qui conditionne les décisions d’investissement des ménages, et d’autre part l’état des banques grecques qui perdent leurs ressources ne laissent pas augurer dans un futur proche une inversion de l’évolution du crédit immobilier et donc pas non plus une inversion de l’évolution de la construction.

 

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